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AVRIL 2022 / NUMERO 16
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BULLES HANDI MAG

 
LA NEWSLETTER DE VOTRE SECTION HANDISUB® CODEP91
 
 
EDITO


Le mot de Françoise



Pendant mon enfance, et surtout avant 1955, nous n’avions pas connaissance que certains d’entre nous pouvaient être handicapés, parce que d’une manière générale les parents concernés s’en cachaient, ou bien les cachaient. 

Puis en 1955, ma petite cousine a été atteinte par la poliomyélite, et là encore la famille ne communiquait pas trop sur le sujet, et ma petite cousine ne circulait pas trop dans les rues.
 
Puis un jour, les instances politiques ont voulu ouvrir les portes aux personnes en situation de handicap.
 
Toutefois, les handicapés mentaux restaient ignorés. Et ce n’est que très récemment que les « portes des placards » se sont entrouvertes. Et tout un chacun découvre l’existence de ces formes d’handicap. 

Continuons d’ouvrir nos yeux, et d’ouvrir « les portes des placards » ils sont là, et n’attendent que nous, alors allons y. 

Et surtout, enfin, donnons leur la parole...
 



Françoise POTIER.
Présidente du Club Bulles Rebelles.
Responsable HANDISUB® au CODEP91.





Le mot de Patrick 


Le dicton dit : En avril ne te découvre pas d'un fil. 

J'ai eu cependant le plaisir de me découvrir pour enfiler ma combi et participer à des baptêmes organisés par mon ami, le major Jean-Marie Garrido, sur un évènement La Voile Pour Se Reconstruire avec des blessés de guerre. Cette semaine a été riche en rencontres, de vrais moments le tout dans belle ambiance encadrée de bienveillance. 

Merci à Jean-Marie, aux organisateurs, aux participants, aux bénévoles pour cette belle aventure !

Je profite de cet Édito pour adresser de nouveau mes félicitations à notre président de Fédé : Fred Di Meglio et à toute son équipe pour leur résultat aux élections du 23 avril.

Merci merci merci pour vos magnifiques témoignages. Ils sont tellement entiers, tellement vrais, tellement riches. Chaque mot chaque ligne est un cadeau et nous confirme le pourquoi de notre engagement.

Vos écrits sont nombreux et il nous est difficile d'en mettre de côté pour le mois suivant tellement chacun de vous à sa place dans notre news. 
 
Encore une news très riche avec de belles leçons de vie ! Prenez le temps de lire tous les témoignages.

Merci à Jean-Pierre, Jonathan et Magali !


Patrick Borré
Responsable adjoint HANDISUB® au CODEP91



 
AG ELECTIVE DES 23 ET 24 AVRIL
Résultats de l'assemblée générale élective des 23-24 Avril à Lyon Comité Directeur National :

Les présidentes et présidents des clubs se sont exprimés. 

Ils ont décidés à plus de 70 % d'accorder leur confiance à la liste de Fred Di Meglio pour la mandature 2022 - 2024 

Merci à eux ! 

Les résultats: 
 
Liste conduite par Fred Di Meglio avec 71 % des suffrages exprimés. 

Délégué des SCA élu : Jo Vrijens avec 97% des suffrages exprimés.

Toutes nos félicitations à Fred Di Méglio et à son équipe !
Fred Di Méglio
 
LA VOILE POUR SE RECONSTRUIRE
Nous embarquons chaque année une centaine de blessés, veuves et orphelins de guerre sur des voiliers pour des sorties en mer sur une ou plusieurs journées en Méditerranée et Bretagne Sud.

Cette activité permet de leur offrir un grand bol d’air, contribue à leur rééducation et participe à leur réinsertion sociale et professionnelle, mais est aussi perçue comme une forme de reconnaissance de leur engagement pour notre pays. 

Ils n'ont pas besoin d'avoir de connaissances en voile, mais une fois embarqués, ils s'intéressent tous à la marche des voiliers et sont alors initiés à la voile et participent aux manœuvres à bord.

Christophe COMBI
Président LVPSR
Lien LVPSR
Ile d'Or avec le chateau de Saint Raphael
Les associés avec leurs équipages devant le Dryade le voilier de l'association.
L'équipage du Dryade
Les élèves de l'école de l'Armée de l'air 
Les associés et bénévoles
Les associés devant la célèbre gendarmerie de Saint Tropez
 
TEMOIGNAGES DE BLESSES
Je suis un militaire blessé de la Défense. 

Durant de nombreuses années j’ai travaillé au sein de la Gendarmerie plus particulièrement employé en unité recherche en tant que technicien en investigations criminelles. 

J’ai eu l’opportunité de pouvoir rejoindre une affectation des Iles du Pacifique Sud plus particulièrement à NOUMEA. La Nouvelle-Calédonie, territoire français paradisiaque. 

Très vite je prends conscience que mon séjour sera peuplé d’une succession d’enquêtes violentes diligentées pour des crimes, des agressions, des suicides et noyades, qui touchent toutes les couches sociales mais également tous les êtres humains qu’ils soient homme, femme ou enfant. 

Je suis régulièrement face à la vision de la mort, à ses odeurs et à ses traumatismes. 

Lorsque je reviens à mon domicile il m’est impossible de parler de ces enquêtes et de leurs difficultés, et je dois continuer à avancer même si ma vie de famille s’étiole. 

Mais la réalité me rattrape et je dois être régulièrement hospitalisé afin de retrouver un équilibre, récupérer du sommeil et me sociabiliser. 

À l’issue de cette période, je suis placé en congé longue durée pour maladie dans un premier temps, puis réformé et placé d’office à la retraite. 

J’adhère à la cellule d’aide des blessés dont le parcours de soins me propose différentes activités sportives pour thérapie telles que des sorties en mer. 

Ces propositions aquatiques font ressurgir de sombres souvenirs, une noyade, une plongée où j’ai failli perdre la vie et la mauvaise rencontre avec de la faune marine dangereuse. 

Ces événements traumatisants qui me hantent ont altéré ma vie personnelle, professionnelle et sociale. 

Cette souffrance a également engendré des complications physiques et perturbé mon psychisme. 

Pourtant, j’ai toujours aimé la mer, les bateaux et la pêche mais les images qui s’enchainent dans mon quotidien m’effraient. 

J’essaie de me réconcilier avec tout cela mais je n’y arrive pas, j’ai toujours la vision de la perte de mon camarade. Les larmes sont toujours présentes, je ne contrôle rien. 

Dans le cadre de sa reconstruction, un ami blessé m’a dit participer à un séjour de voile qui doit se dérouler dans le Sud de la France, avec au programme une sortie plongée sous-marine. 

Après avoir été mis en relation avec Christophe et Luc et avoir entendu un discours rassurant, j’ai décidé de relever le défi et faire face à mes démons. 

Après l’arrivée sur les lieux et les présentations avec les équipes, des échanges et discussions se font et je décide de m’avancer vers Patrick l’un des responsables de l’activité plongée sous-marine. Ses propos sont rassurants et il m’assure qu’aucun mammifère marin ne viendra perturber la plongée et le seul qui doit être chassé et celui qui m’est resté en mémoire. 

Jour J. J’ai passé une mauvaise nuit. 
Nous embarquons sur les voiliers et catamarans afin de rejoindre le site de la plongée. 
Nous nous équipons et je ne quitte pas Patrick du regard, il a toujours un sourire et un geste amical. 

Je vais plonger avec lui, il vérifie l’équipement. 

Aujourd’hui il va devoir combattre à mes côtés et malgré la fraîcheur de la météo je transpire, il faut garder le sourire. 

Dans un premier temps, c’est initiation propulseur scooter avec Jean-Christophe, cela devrait me détendre un peu. 
Je descends dans l’eau par l’escalier de l’annexe, oups ! J’avais oublié le goût de l’eau salée. 

Jean-Christophe me donne les consignes et le fonctionnement du propulseur et rapidement je trouve l'équilibre pour avancer. 

Je suis encouragé par ceux qui observent. 

Je reprends confiance en moi dans cette petite zone de baignade... mais mon tour de plongée arrive, la panique reprend le dessus. 

Patrick est là, il ajuste mes derniers équipements mais les mauvais souvenirs ressurgissent, le ressenti m’effraie et je veux remonter dans l’annexe. 

Patrick comprend et fait appel à Thierry un autre moniteur, ce sera un combat à trois. 

Je ne veux pas les décevoir. 

Voilà, c’est fait, nous sommes remontés à la surface, j’ai lutté, nous avons le sourire tous les 3, je n’ai pas vu de requins ni de démons. 
J’ai vu des poissons, des coquillages et j’ai reçu toute l’attention et la bienveillance de deux hommes-grenouilles qui ne m’ont pas lâché et que je remercie vivement. 

Quant au petit poulpe que j’ai croisé dans les profondeurs, il a remplacé le requin de ma mémoire. 

La nuit suivante a été apaisée, il me faudra encore du temps pour oublier mes traumatismes, mais je n’oublierai pas ce magnifique séjour. 

Je revois régulièrement les blessés de la Défense. Je les encouragerai à venir participer aux challenges et sorties familiales, pour des balades en mer sur des voiliers ou pour découvrir la plongée. 

Je vais veiller aux appels à volontaires pour ces sorties nautiques, l’appel du large en quelque sorte… 

Un grand merci à Patrick, Thierry, Christophe et Luc et à tous les plongeurs, skippers et équipages et associés. 

"La Mer", je t'ai affrontée aussi bien en plongée avec Patrick et Thierry que sur la dernière traversée avec le skipper Marc et son équipage. 

Tu es impressionnante mais tu ne me fais plus peur. 

JP
Thierry, Jean Pierre et Patrick
 
Bonjour Jonathan 

On s'est rencontré pendant la semaine de La Voile Pour Se Reconstruire. Peux me parler un peu de toi ?

Bonjour Patrick
Je suis un ancien militaire du 1er RHP je suis parti quand j'étais brigadier-chef en 2016 après ma blessure qui est arrivée suite à une mission en République Centrafricaine sur une zone sensible en 2014.

C'est mon ex-femme qui m'a poussé aux soins, j'étais dans le déni et je ne me rendais pas compte de ma blessure physique, je ne sortais plus j'étais enfermé, j'étais susceptible irritable, je faisais énormément de cauchemars la nuit. 

À l'heure actuelle ça va beaucoup mieux entre les différentes phases d'hospitalisation, les traitements, les spécialistes, la plongée, toutes les activités proposées annexes qui ont pu me permettre de me reconstruire.

Ces activités sont organisées par la défense, des choses qui sont mises en place par rapport à mon suivi, organisées avec des associations : la CABAT qui m'a aidé au départ pour les stages avec de l’équitation. 

C’est quoi la CABAT ? 

C’est la Cellule d’Aide aux Blessés de l’Armée de Terre qui organise des stages. Ce sont des stages pour les blessés pour permettre de se reconstruire. 
Dans le même style il y aussi des CREBAT avec qui j’ai effectué à Malte le stage de plongée et mon premier baptême et passer mon niveau. 

C'était la première fois que tu découvrais la plongée ? 

Oui une envie et je me suis dit pourquoi pas ! 
C'était quelque chose que j’avais envie depuis longtemps je me suis dit pourquoi ne pas essayer. 
J'aime bien le calme mais pour moi la plongée représente l'apaisement. 
Pouvoir s’isoler dans une bulle pour filtrer du bruit, de tout ce qui pourrait se passer à l'extérieur. 
Juste le bruit des petites bulles. 

J’ai gardé une image lors de mon baptême d’un petit poisson. 
Ce petit poisson il est là c'est ma petite boîte secrète. 
À l'heure actuelle j'ai tendance à me rediriger vers lui pour dès que je vois que ça dérape un peu, il est là pour me rattraper, pour m’apaiser. 

Ce sont des petites ficelles que nous avaient donné les formateurs là-bas, entre les exercices de respiration, la sophro. 

Par rapport à ta première plongée, as-tu eu des appréhensions ? 

Non pas de crainte particulière. 
J’étais rassuré par la présence du personnel qui nous entourait. 
On était en piscine pour découvrir le matériel, pour découvrir le milieu. 
On a fait de l'apnée puis la respiration dans le détendeur pour découvrir le matériel. 

Le personnel encadrant joue un rôle très important, même si on n’a pas une bonne météo, une mer chaude, un bon encadrant permet de réaliser un bon baptême. 

Dès la première immersion en piscine je me suis senti bien et tout s'est très bien passé. 

Ça correspondait à ce que tu imaginais ? 

Ça a été au-delà de ce que j’attendais. 

Je ne m’attendais pas à ressortir aussi détendu. 

C’est important pour toi le mot détente ? 

Oui et en plus cette sensation de détente et de pouvoir lâcher prise pour déconnecter et profiter du moment présent dure dans le temps. 

Et après ton baptême ? 

Dans la continuité et pendant la même semaine j’ai obtenu mon niveau 1. 

C’était en 2018 et ensuite cela a déclenché en moi des envies de reconversion. 
Je me suis dit que je me sentais vraiment très bien j'avais envie d'aller plus loin d'aller plus profond et d'être plus libre. 
J'aime bien enseigner, je me suis dit que moniteur ça doit être un super métier qui permettrait de profiter d'un environnement apaisant avec des personnes qui viennent là pour se détendre et puis dans un bon esprit. 

Un bon état d'esprit avec des énergies positives. 

As-tu pu continuer dans cette voie ? 

J'ai passé mon niveau 2 et mon niveau 3 à l'aide de la CABAT et aussi à la société Altantis Guadeloupe qui nous a encadré sur le premier stage. 

Ils m’ont accueilli pendant un mois pour me faire passer mon niveau 2 mon et mon niveau 3. 

Tu as passé tes deux niveaux d’un coup ? 

Oui dans la foulée car je travaillais pour et à chaque sortie pratiquement ils m’emmenaient pour travailler tout en expliquant les exercices de sophrologie que je continue à pratiquer. 

Ils m’ont appris le fonctionnement de leur société, la plongée et leur fonctionnement de bien être par la plongée. 

Aujourd'hui es-tu toujours motivé par ça ? 

Oui ça me plaît toujours autant. 

Ce qui m'a mis des bâtons dans les roues c'est que mon ex conjointe est rentrée en gendarmerie et nous nous sommes retrouvés muté à Grenoble. 

Nous avons eu un enfant donc j'étais papa au foyer. 
J'étais plus focus sur mon fils et je n'avais plus trop de temps pour moi. 

J'ai eu l'occasion de refaire des plongées depuis mais il y a une petite cassure depuis ce moment-là. 

Maintenant que je suis revenu dans le sud-ouest, l'envie de reprendre dans un club avec des sorties plus fréquentes, surtout avec la sortie que nous avons eu mercredi ! 

Peux-tu me raconter ta plongée de mercredi justement ?

On n'avait pas une eau chaude elle était à 15° mais il y avait un bon environnement, un super personnel autour de nous, une bonne ambiance.
Avec une bonne combi 15° ça ne gêne pas trop pour plonger. 
Personne ne s’est plaint de l'eau froide et une fois sous l'eau c'est toujours pareil, j’ai pu retrouver mes sensations, même si ça faisait un peu plus d'un an que je n'avais pas plongé ! 
J'avais des craintes au niveau de la stabilité, au niveau de la gestuelle et au bout de même pas 5 minutes les sensations reviennent et on reprend ses repères, on profite du moment et on observe. 
On écoute le calme on contemple l'environnement sous-marin. 

As tu trouvé cette sensation de détente que tu apprécies ?

Oui et je pourrais rester des heures sous l'eau. 
Si je pouvais, et si ça ne tenait qu'à moi, j’y passerais mon temps, je mettrais ma maison sous l'eau ! 😂 

Quelles sont les sorties que tu as le plus aimé ? 

Il y a eu Malte mais c'est surtout grâce à Atlantis, le club qui m'a formé au niveau 2 et au niveau 3 que j’ai pu plonger dans la réserve Cousteau. 

J'ai passé mon niveau 2 et mon niveau 3 dans la réserve Cousteau dans une eau à 30° ! 

J'aime bien aussi les épaves, ça a un petit côté aventurier. 

Les grottes aussi, j'en avais fait une à Malte c’est vraiment très sympathique avec les lampes torches ça donne un environnement lunaire. 

La Réserve cousteau reste un bon souvenir avec tous les poissons, toutes ces espèces, la faune, les coraux. 
On en prend tellement plein les yeux ! 

Quel est le principe de la semaine La Voile Pour Se Reconstruire ? 

C’est une semaine organisée pour prendre du temps pour soi. 
Organisée par différentes associations, on a fait pas mal de navigation et je me rends compte qu’il n’y a pas que le milieu sous-marin en fait qui est agréable. 

La navigation en voilier c'est agréable quand on entend les voiles se gonfler par le vent, on est en pleine mer. 
Il y a juste la coque qui ricoche sur les vagues, pas un bruit. 

C'est bien cette notion de calme, ça fait du bien ça permet de se couper de temps en temps. 

Tu avais déjà fait de la voile ? 

Jamais, c'est vraiment agréable, il n’y a pas de stress, on est en pleine mer et on se laisse guider par le vent, ça permet de se vider la tête. 

Je ne demande pas ça tous les jours mais faire une petite coupure comme ça, ça permet de souffler, loin de toutes les agressions du bruit. 

C'est vraiment le calme. 

Je ne cherche pas à masquer ce qui m'est arrivé, je dois vivre avec, mais rencontrer des bonnes personnes, des personnes agréables qui sont là aussi dans le même état d'esprit même si on n'a pas le même parcours de vie, qui sont là pour se détendre profiter du moment c'est des super bons moments de partage. 

Se retrouver avec d'autres militaires sur le site c'est important pour toi ? 

Je ne demande pas à parler forcément à un militaire, j'ai juste besoin de parler avec une personne qui sera capable de m'écouter. 

Une personne bienveillante sans regard, sans jugement de valeur, des personnes avec un bon esprit. 

Pendant cette semaine, j'ai rencontré beaucoup de personnes avec des opinions différentes mais toujours dans un bon état d’esprit, tout le monde était là vraiment pour prendre soin des uns des autres même si ce n’est pas vraiment notre rôle mais on a envie de s'entraider naturellement. 

Est-ce que la recherche de la profondeur est quelque chose d’important pour toi ? 

Le plus important pour moi est ce que tu vas vivre de ta plongée. 

Faire des sorties à 40/60 mètres, on va dire que c'est pour l'adrénaline, on va chercher les limites. 

C'est important pour moi, c'est un petit challenge pour moi qui, depuis 2018 galère toujours à nager même en surface, alors pouvoir être capable de partir à 60 mètres, pouvoir me détendre et remonter tranquillement c'est de la satisfaction personnelle et puis c'est de la bonne fatigue. 

Après faire des épaves c'est sympa aussi que ce soit à 12 mètres ou à 30 mètres ça reste plutôt du côté de l'exploration. 

Chaque plongée a un objectif différent. 

Mercredi matin on a fait une plongée sur un thème de baptême c'était de la balade et j'en ai profité pleinement pour me détendre en regardant mon environnement en voyant les petits poissons, les seiches, la pieuvre … 

Il y avait une autre activité à côté de la plongée ce matin, le propulseur prêté par Jean Christophe. 

C'était intéressant, c'est la première fois que je fais ça. 
J'ai déjà fait du jet-ski, plusieurs petits sports aquatiques mais celui-là ça nous permet de flotter de prendre un peu de vitesse sur l'eau nous permettre de partir sous l'eau. 

Une belle image qui me reste en tête c'est au moment de ma première immersion. 

Je me fais tracter sous l'eau sur peut être une vingtaine de mètres. 

C’est très agréable parce que ça ne fait pas de bruit, ça reste détente avec peu d'adrénaline quand tu accélères. 

Pour finir, conseillerais-tu la plongée à quelqu'un qui a vécu la même chose que toi mais qui aurait des réticences, des craintes ? 

Oui ! Moi le premier, je suis un piètre nageur mes amis me connaissent très bien et savent que je nage comme un caillou mais une fois qu'on a le matériel et tout l'équipement, moi je me sens beaucoup plus à l'aise. 

Si je dois emmener un ami j'essayerai de l'accompagner personnellement et le diriger vers des structures adaptées, lui faire découvrir par un baptême, lui expliquer le calme, tout ce ressenti sur le moment et qui dure dans le temps. 

On se recharge vraiment. 

Il est important de pouvoir tester plusieurs choses : de la sophro, des exercices sous l'eau qui nous permettent de reprendre conscience de soi par des exercices simples. 

Tu présentes la plongée comme une thérapie. La FFESSM est tout à fait dans cet axe-là. En complément de la plongée loisir, on est déjà sur du Sport Santé et la plongée en fait partie. Cela signifie que demain un médecin généraliste pourra faire une prescription médicale pour faire de la plongée.

Je pense qu’il est important de faire de la communication au niveau des services de santé, y compris au niveau des services des armées. 

Les prescripteurs n’ont pas forcément ce point de vue et ne sont pas forcément très éclairés par rapport au syndrome post traumatique et le lien avec la plongée. 

Personnellement, on m'a mis un peu des freins en m'exposant les risque pour un post-traumatique de se retrouver dans un espace confiné sous l'eau, le fait de ne pas se sentir bien, que cela n’allait pas être bon pour moi. 

Quand je suis revenu de mon premier stage, je ne suis revenu qu'avec du positif et cela allait complètement à l'encontre de ce que pensaient certains psychologues, médecins. 

Moi, si demain, je peux conseiller à une personne qui aurait des problèmes psychiques, ou qui ne se sent pas bien, ce serait déjà d’essayer juste par un baptême. 

Pour moi le fait d'être au niveau de l'eau, que ça soit sur ou sous l’eau, me permet de me sentir apaisé. 

Ton mot de la fin 
Je pense qu'il faudrait reproduire cet évènement. 

Pouvoir compléter l’activité voile avec la plongée est quelque chose de pertinent, et je suis prêt à 100% qu'on se revoit l'année prochaine !

Pour que d'autres personnes puissent aussi en profiter. 

La plongée enfin m'a fait beaucoup avancer. 

En plus de tous les bienfaits déjà cités, la plongée m’a permis de rencontrer des personnes. 

Nous, en tant que blessés, on a du mal à s'ouvrir, à pouvoir reparler à des personnes. 
Il y beaucoup de bienveillance dans le milieu de la plongée, pas de regards négatifs et on arrive à aller vers les gens, à s'ouvrir, car les gens rencontrés nous inspirent confiance et le contact est plus facile. 

La confiance pour moi est primordiale et des plongées comme mercredi on profite vraiment. J’étais vraiment dedans, sur mes petites bulles, sur mon environnement, sur les petits poissons qui sont en train de manger. 

Merci Jonathan 
Merci à toi à bientôt.

Patrick
Jonathan
 
MAGALI UN AUTRE REGARD SUR SA VIE 
Magali nous a contacté via Facebook pour rencontrer d'autres plongeurs ou plongeuses qui pourraient partager avec elle sa passion ou ses sorties. 

Vous ne verrez pas le Handicap de Magali au premier regard. 

D’ailleurs, elle-même ne vous verra pas au premier regard !

Magali est non-voyante. 

Bonjour Magali peux-tu te présenter ? 

Je suis Magali, j’ai 49 ans, 3 enfants et suis maîtresse de 2 chiens-guide, un papy en retraite et un jeunot en activité ! 

Comment s'est installé ta maladie ? 

J’ai tout d’abord été une enfant tout à fait ordinaire, puis à l’adolescence, il m’a été diagnostiqué une maladie dégénérative de la rétine. 

J’ai tendance à dire qu’elle a mis plus de 25 ans à faire son oeuvre et aboutir à une cécité complète. 

Face à cela tu aurais pu faire le choix de rester dans ton canapé et de subir au contraire tu as décidé de vivre comme tout le monde. Peux-tu nous parler de ta petite famille de ton travail ? 

J’ai donc 3 enfants, deux garçons de 23 et 20 ans et une fille qui aura d’ici peu 18 ans. 

Je suis psychologue, sophrologue et Hypnothérapeute et exerce en libéral sur TOURS. 

Être psy non voyante est particulier, ce n'est pas forcément simple de franchir la porte pour aller consulter. Du coup ton travail est encore plus axé sur l’écoute, tes patients sont peut-être plus à l’aise de te parler ? Mesures-tu une différence dans la relation que tu as avec tes patients ? Comment tes patients t’abordent-ils les premières fois ? 

Il est en effet très difficile de consulter pour la première fois, ainsi je félicite toujours chacun d’entre eux d’avoir le courage d’exprimer, de confier leurs problèmes et d’oser demander de l’aide, car dans notre société, l’aveu de faiblesse n’est pas bien perçu. 

Consulter un psychologue qui a un handicap et donc qui ose exposer sa «vulnérabilité » dédramatise. Comme pour certains, le fait que je ne les vois pas les rassure. 

Ils ne se sentent pas observés, jugés. 

Sinon, au-delà de mon handicap, ma pratique est à l’image de ma personnalité : écoute bienveillante, attention soutenue, empathie à tout instant, optimisme contagieux et autant que cela m’est permis une pointe d’humour ! 

Nous échangions de ton quotidien, tu es une femme très dynamique. Quelles sont les activités que tu as pratiquées ? 

Enfant, je nageais en club, puis à l’adolescence, j’ai quitté la piscine pour le dojo et j’y suis restée jusqu’à il y a peu pour pratiquer le karaté, jusqu’au deuxième DAN et au titre de championne de France de parakaraté en kata. 

Pratiquer le sport, habiter pleinement mon corps est vital pour moi, alors j’ai également expérimenté le saut en parachute, le ski, le rafting… 

Et puis il y a un an, j’ai rencontré Agnès, MFEH1 lors de mon baptême de plongée en piscine. 

Et grâce à elle une nouvelle stupéfiante histoire a commencé … 

Chaque jour j’ai envie de la remercier pour cet univers qu’elle m’a offert de découvrir ! 

Ah oui quand même championne de karaté, parachute, plongée…Tu n’as peur de rien ! N’est-ce pas un peu fou d'avoir tenté tout cela ? 

Mais, où se situent les limites de la folie? 

Bonne question pour un psy ! Lol ! 

Sûrement que cela peut paraître fou pour certains, mais je répondrai que d’un côté je sécurise toujours mes pratiques, car je tiens terriblement à la vie, et que de l’autre côté j’ai tellement besoin de vivre, de me sentir vivante et d’habiter pleinement mon corps qu’expérimenter toujours plus m’est vital. 

J'ai une question toute particulière concernant la plongée que beaucoup de personnes pourraient se poser : Pourquoi la plongée en tant que non ou mal-voyant ? 

Bien évidemment, je ne plonge pas pour observer toutes cette faune et flore que vous avez tant de bonheur à admirez, mais j’ai, je crois moi aussi, vraiment beaucoup à découvrir… 

En octobre 2021, Agnès m’a invitée à Cerbère pour mes premières plongées en mer. 
Lors de la présentation de chacun au début du stage il m’a été demandé quelles étaient mes attentes… 
J’ai répondu en toute sincérité que je n’en avais aucune idée, que je ne savais pas à quoi m’attendre… » 

J’étais simplement habité par la curiosité, l’envie de découvrir, d’expérimenter, de m’amuser, de vivre du nouveau…. 

Et puis tout de suite ça a été extraordinaire et de pleins de manières différentes ! 

Étre simplement immergée, enveloppée, en apesanteur, dans le silence (fabuleux pour moi qui vit dans un monde remplie de sons, de paroles, de synthèses vocales), le temps suspendu comme si on avait fait un arrêt dans le temps, comme s’il s’était arrêté juste là, pour moi. 

Et je pense que c’est encore plus facile pour moi, puisque je n’ai pas d’image pour me distraire, me déconcentrer. Je peux imaginer que je suis là seule avec moi-même, seul le contact de la main de mon encadrant sous la mienne me connecte à la réalité. 

Cette réalité qui est aussi très belle ! 

Et c’est d’ailleurs ce qu’il s’est passé lors de ma première plongée…. 
Fabirama mon encadrant EH2 m’a déposé quelque chose dans la main… Au début, je n’ai pas su de quoi il s’agissait … 

Prenez juste un instant pour imaginer. 

Vous êtes dans l’eau, dans le noir, vous ne voyez rien et vous n’entendez rien. 

Vous n’avez donc pas idée de ce qu’il se passe autour de vous. 

Vous n’imaginez même pas qu’on vous apporte quelque chose. 
Et puis, vous sentez un truc dans votre main … !!! 

Alors, tout en douceur, caressant du bout des doigts, curieuse, je suis allée à la découverte de ce mystère …

Et en un instant j’ai reconnu ! 

J’ai explosé de joie ! Une étoile de mer ! 

Quel extrême bonheur ! 
Je savais que je ne pouvais pas voir, mais je ne savais pas que je pourrais quand même découvrir la faune et la flore sous-marine… 

À ce moment-là, j’étais redevenue une petite fille le jour de Noël ! 

Pour rassurer ceux qui s’inquiète sur le fait que j’ai touché les fonds marins, je peux simplement vous dire que s’il n’y a que les non-voyants qui touchent, vu qu’il n’y en a quasiment pas en plongée et qu’en plus nous touchons très doucement car c’est ce qui nous permet d’aller finement à la découverte, il n’y a pas de risque pour que nous abimions la richesse sous-marine. 

Pourquoi aller plonger en mer ? 

Tout d’abord c’est une ambiance, celle de la mer et j’aime la mer, l’odeur de ses embruns, le flux et le reflux de ses vagues, les cris des mouettes et chacun me permet d’imaginer, de me représenter, de rêver ce splendide paysage qui échappe à mes yeux. 

Et puis, il y a la préparation de la plongée : la combinaison et tous ses accessoires, gréer ma propre bouteille, monter sur le bateau sans traîner,, naviguer, s’équiper et enfin ! 

S’inviter dans l’immensité ! 

Quels sont tes ressentis ? Que recherches-tu ? 

Vivre une expérience extraordinaire, être portée, supportée, enveloppée par l’eau être en communion avec elle et finalement tout oublier. 

Être minuscule dans l’immensité silencieuse me permet de m’apaiser, de relativiser la vie au dehors. 

Qu’as-tu besoin comme aménagements pour pouvoir plonger ? 

Pour commencer j’ai besoin d’un EH2, sans lui pas de plongée. 

Et puis, nous devons nous mettre d’accord sur notre code de communication. 

Tandis que j’effectue exactement les mêmes codes que les voyants, mon encadrant lui doit les effectuer tactilement pour que je les ressente. 
Avec une pression sur mon poignet, il me demande comment je vais. 
Il frictionne un de mes bras pour me demander si j’ai froid. 
Il saisit mes bras et les met en croix pour me signifier que c’est la fin de la plongée… bon ce n’est pas le signe que je préfère! 
Et nous en inventons au fur et à mesure des plongées et de nos besoins. 

Quel est ton niveau ? 

A Cerbère, j’ai eu l’immense chance de plonger huit fois et j’ai alors validé mon PESH 1, signifiant que je pouvais plonger à 6m. 

En revenant à Tours, émerveillée de ce que j’avais vécu, je me suis renseignée pour trouver un club près de chez moi. 

C’est là que j’ai fait la connaissance de Pierre, EH2 à Touraine Plongée ! 

Depuis, il me dévoue ses vendredis soirs, ainsi que des dimanches dans la fosse de CIVAUX dans la Vienne. 

Ayant progressé au niveau technique, il m’a validé en mars dernier mon PESH 2, signifiant que je peux plonger à 12m. 

Aujourd'hui que recherche tu ? 

Plonger et encore plonger ! 
Faire les exercices, me stabiliser juste pour le plaisir, partager mes découvertes, mes progrès, mes joies avec les autres plongeurs et j’ai la chance de pouvoir plonger un dimanche par mois dans le cadre de Handisub 37 avec tous les EH2 qui le souhaitent. 
Et puis, plonger à nouveau en mer pour retrouver cette ambiance du stage au combien chaleureuse, cette excitation du départ avant la plongée, cet apaisement une fois immergée, l’appréhension de tout ce qu’il m’est possible de découvrir du bout des doigts, tels éponges, oursins, spirographes, anémones… 

J’aimerais aller à la découverte de mers chaudes, afin de ressentir la caresse, sensuelle de l’eau, la pression directement sur ma peau et encore tout ce que je ne sais pas, tout ce que je n’imagine même pas… 

J'imagine que déjà dans ton quotidien tu dois t’obliger à faire confiance envers l’autre, mais alors en plongée ce sentiment doit être amplifié ? 

En effet, j’ai appris à faire confiance à ceux qui en sont dignes. 

J’ai compris que si je voulais faire autre chose que regarder la vie passer ou pire encore attendre qu’elle passe, j’avais besoin des autres. 

Au départ, je suis déjà très sociable et j’adore partager de bons moments avec des personnes positives, joyeuses et chaleureuses. 

En plongée, cela ne m’a pas posé de problème. 

J’ai très vite observé le sérieux, la rigueur des moniteurs dès que nous commencions à nous préparer, ce que j’apprécie beaucoup. 

De nature curieuse, je pose énormément de questions, j’aime apprendre, comprendre, mettre du sens sur ce que je ne maitrise pas, ne vois pas, ne sais pas encore. . En outre, cela me permet de baliser mon environnement, ma sécurité, que je remets en partie dans les mains de quelqu’un d’autre. 

Comment vis-tu une plongée ? Que partages-tu ? 

Les moniteurs sont extrêmement généreux, souhaitant me faire partager leur passion, pour cela ils sont très attentifs à mes besoins, mes demandes, mes envies. 

Nous cherchons ensembles à adapter la pratique pour que j’y ai accès en fonction de ma singularité lorsque c’est nécessaire. 

Sous l’eau, ils doivent être d’une part mes yeux et d’autre part réussir à communiquer avec moi sans les signes qu’ils ont appris. 
Et puis, ils ne peuvent pas me montrer les poissons, alors ça les déstabilise. 

Cela leur demande de sortir de leur fonctionnement habituel, de réinventer la plongée. 

Et finalement, on tâtonne, on adapte, on apprend et on se réjouit ensembles. 

Par contre, mon corps fonctionnant parfaitement bien, je peux donc effectuer tout ce qui est d’ordre technique sans difficulté. 

D’ailleurs, j’adore faire tous les exercices que l’on me propose. 
Chaque réussite me remplit de joie, chaque réussite est un nouvel exploit ! 

Penses-tu que ton handicap t'a donné encore plus de rage et l'envie de faire des choses ? 

Il est évident que dans ma situation, la cécité m’impose des limites bien plus étroites, des possibilités bien plus restreintes qu’aux valides.

Mais, j’ai beaucoup de mal à tolérer ces limites, ces contraintes, qui me sont imposées, alors autant qu’il me l’est possible, je les contourne, je les enjambent, je les snobe, je leur fait un pied de nez ! 

Mais il faut aussi bien souligner que c’est avec l’aide de ceux qui ont également envie de contourner ces limites que j’y parviens. 

C’est un super travail d’équipe ! 

Penses-tu que tu aurais entrepris tout cela sans ton Handicap ? 

Le handicap n’est qu’une de mes innombrables particularités. 

Il prend effectivement une certaine place dans ma vie, mais ma personnalité et mon parcours de vie font largement aussi celle que je suis aujourd’hui. 

Que pourrais-tu conseiller à des personnes non malvoyantes qui voudrait découvrir la plongée ? 

Je leur conseillerais avant tout, juste d’oser essayer, car ce n’est qu’en expérimentant personnellement qu’elles pourront savourer la joie d’une plongée, le bonheur d’être enveloppée, le délice de l’apesanteur, l’apaisement du silence… 

En conclusion de cette interview et j'ai envie de dire : 

Magali non voyante … et alors ? 

Merci Magali pour cet entretien très riche et je suis pressé de pouvoir partager une plongée avec toi, ce serait avec grand plaisir. 

Ton dynamisme et ton sourire sont un vrai rayon de soleil. 

Merci beaucoup Patrick pour ta gentillesse, ta générosité et ton engagement auprès de ceux qui n’ont pas un accès simple à la plongée. 

Et avec grand plaisir de partager une plongée avec toi. 

Je m’en réjouis déjà !
Magalie et la preuve du 12 m !! 😀
Magalie
 
Les petits mots de Claudine
Solution du mois dernier
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